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Une conversation avec...Pierre P. Marchal

Portraits

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09/07/2025

Une conversation avec...

Pierre P. Marchal

Pierre P. Marchal a étudié le design de mode pour pouvoir mieux s’en éloigner par la suite. À l’École de la Chambre Syndicale, il a découvert de multiples façons de créer et d’appréhender la mode. Ces pas de côté l’ont mené vers la création de JPPM, une agence de direction artistique, d’achat d’art et de communication.


Te souviens-tu de ta première découverte de la mode ?

La première fois que j’ai réalisé que la mode était bien plus qu’un simple vêtement, c’est lorsque j’ai découvert sur YouTube la vidéo du défilé Alexander McQueen printemps-été 1999. Je me souviens de Shalom Harlow immobilisée sur une plateforme rotative, tandis que deux robots, dansant harmonieusement sur un air d’opéra dramatique, projetaient de la peinture sur sa robe bustier immaculée. Même en vidéo, une sorte de synesthésie opérait. Avec le recul et après quelques recherches, je réalise à quel point ce défilé était extraordinaire ; on ne parle pas assez souvent du fait que Aimee Mullins, athlète handisport amputée des deux jambes, ait ouvert ce défilé en portant une paire de prothèses en bois sculptées. Cela remonte à vingt-cinq ans, et il est rare de voir aujourd’hui des défilés ayant une telle pertinence sociale, poétique et artistique.

 

Y a-t-il eu une rencontre dans ta carrière qui a tout changé pour toi ?

Mon parcours est ponctué de centaines de rencontres significatives qui ont redirigé, guidé et soutenu ma vie professionnelle. Il est donc difficile de choisir une seule personne, mais si je ne devais en nommer qu'une, ce serait Olivier Saillard. Il a pris le temps de m’aider au début de ma carrière en me présentant les bonnes personnes. Les rencontres sont mon principal moteur ; je consacre presque un quart de mon temps à discuter avec des talents, à prendre le temps de les aider si je le peux, à comprendre leur processus créatif et, si possible, à créer et avancer ensemble. Il est important de se remettre en question artistiquement et c’est souvent plus simple pour moi de le faire à travers ces rencontres.


Peux-tu nous raconter un moment qui t’a particulièrement marqué lors de tes études à l’Ecole de la Chambre Syndicale de la Couture Parisienne ?

J’ai particulièrement adoré notre dernière année de Master, dirigée à l’époque par Céline Tolédano et Stéphane Wargnier. Dans mon souvenir, tous les deux mois, nous avions un nouveau workshop pour explorer une autre facette du monde de la mode, en plus de développer notre collection. Nous avions imaginé des vitrines pour le Bon Marché avec Frédéric Bodenes, organisé une soirée-concert avec Alexandra Senes, et produit un film avec Antoine Asseraf. Ces pas de côté en dehors du design de collection ont été pour moi une sorte de révélation, illuminant ce qui deviendra mon métier quelques années plus tard : la direction de création. Non pas simplement pour créer des vêtements, mais pour envisager la narration des campagnes qui les présentent au monde : un défilé, une photographie, un jeu vidéo, une exposition, un livre ou une expérience de réalité augmentée.


Quel conseil donnerais-tu à quelqu’un qui souhaite se lancer dans la direction de création ou l’achat d’art ?

Pour moi, tout repose sur un équilibre entre trois notions que je questionne constamment. La spontanéité : écouter son instinct et se faire confiance. La première impression est souvent la plus juste, même si elle peut se dissiper rapidement au profit de la peur ou de la rationalité. Lorsqu’on travaille avec des artistes, il est essentiel de capturer cette première impression et de construire un avis ou une idée en regard de cet instantané. La persévérance : faire des choix clairs et distincts et s’y tenir sur le long terme. Il est crucial de ne jamais regretter ses décisions et de se battre pour ce en quoi l'on croit jusqu’au bout. Et enfin, l’adaptabilité : se remettre en question, car nos métiers sont influencés par les avancées technologiques et anthropologiques. Ils sont donc en constante évolution.


Interview par Sophie Dajez (IFM MS 2023)
Après des études en sciences sociales et en communication ainsi qu’une expérience professionnelle dans le monde de l’art, Sophie Dajez suit le Mastère Spécialisé en Management de la Mode et du Luxe à l’Institut Français de la Mode en 2022. Sophie écrit aujourd’hui pour des marques, maisons de mode et magazines et est co-créatrice de Backstage Fashion Talks.

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