Une conversation avec...Pierre-François Le Louët

Une conversation avec...

Pierre-François Le  Louët

Pierre-François Le Louët a toujours côtoyé la mode. Aujourd’hui à la tête du cabinet de conseil en stratégie expert dans le secteur des industries créatives NellyRodi et Vice-Président d’IFM Alumni, il n’a pas tout de suite trouvé sa place au sein de l’industrie. Pierre-François conjugue émerveillement et réalisme pour mener à bien ses missions : fédérer les gens de la mode, car il croit au pouvoir du collectif et faire rayonner cette industrie qu’il affectionne tant.

Te souviens-tu de ta première découverte de la mode ?

Je suis un peu né dans la Mode, j’ai donc de nombreux souvenirs mais un des plus marquants est sans doute celui d’un immense défilé qui se tenait entre la Tour Eiffel et les jardins du Trocadéro en 1987. Tous les designers du moment présentaient des silhouettes, 950 mannequins défilaient, nous étions 120.000 spectateurs, le défilé s’est clôturé par un superbe feu d’artifice. J’en garde un souvenir magique. Ça a été un tel gouffre financier pour les organisations qui avaient financé l'événement, ce serait impossible à reproduire aujourd’hui.

Que représente pour toi l’association IFM Alumni ?

IFM Alumni est notre lien éternel à l’Institut Français de la Mode et à notre scolarité commune dans cet établissement. Il s'agit d'un réseau incroyable, sans doute le plus puissant de notre secteur. C’est un devoir pour nous toutes et tous, diplômés de l’IFM, de le faire vivre et de le développer.

Y a-t-il eu une rencontre dans ta carrière qui a tout changé pour toi ?

Lorsque j’ai fait mes premiers réels pas dans la mode et que j’étais étudiant à l’IFM, j’ai été très peu soutenu. Je passais ma vie en costume cravate à faire des entretiens professionnels qui n’aboutissaient jamais. Les recruteurs ne savaient pas quoi faire de moi ou n’avaient pas du tout envie de recruter le fils de Nelly Rodi. Je me souviens très bien d’un directeur d’une grande marque qui m’avait explicitement dit que son supérieur s’était opposé à mon recrutement. Par conséquent, j’ai commencé ma vie professionnelle dans le secteur des cosmétiques chez L’Oréal après dix-huit entretiens au sein de ce vénérable groupe et je ne le regrette pas. Mais à cette période, une seule personne m’a toujours sympathiquement encouragé : Didier Grumbach, à l’époque doyen du corps professoral de l’IFM, président de Mugler et président de ce qui était alors la Fédération française de la couture, du prêt-à-porter des couturiers et des créateurs de mode. C’est lui qui m’a donné l’idée de mon sujet de mémoire de fin d’études sur le financement des créateurs de mode en Europe. Quand j’ai pris la tête de la Fédération Française du Prêt à Porter Féminin, qui entretenait à l’époque des relations exécrables avec la Fédération de la Haute Couture et de la Mode, il est le premier que j’ai contacté pour lui dire que tout allait changer. Didier Grumbach m’a remis ma première décoration en tant que Chevalier dans l'ordre des Arts & des Lettres et m’a aidé à entrer au Cercle de l’Union Interalliée. Vingt-cinq ans plus tard, nous passons toujours de bons moments ensemble.

Quel conseil donnerais-tu à quelqu’un qui débute sa carrière dans l’univers du conseil créatif et stratégique ?

Le sens de l’écoute, la culture pour mettre les choses en perspective, de la curiosité, de l’ imagination pour inventer l’avenir et de la rigueur dans la réflexion.

Interview par Sophie Dajez (IFM MS 2023)
Après des études en sciences sociales et en communication ainsi qu’une expérience professionnelle dans le monde de l’art, Sophie Dajez suit le Mastère Spécialisé en Management de la Mode et du Luxe à l’Institut Français de la Mode en 2022. Sophie écrit aujourd’hui pour des marques, maisons de mode et magazines et est co-créatrice de Backstage Fashion Talks.